Des projets pharaoniques

Publié le par robert

Quel avenir pour le front de mer de Lacanau ? PHOTO C.G.
Quel avenir pour le front de mer de Lacanau ? PHOTO C.G.

Présenté cet été au grand public, c'était cette fois aux commerçants de se prononcer sur les trois grands projets d'architecte d'aménagement du « T » de Lacanau-Océan (allées Ortal, front de mer, promenade émile-Lacaze). Chantier d'envergure, c'est de toute façon un projet sur le long terme, « sans doute sur plusieurs mandats » avait précisé le maire.

Daniel Darsonville était donc convié par le maire à recueillir l'avis des membres de l'Adec (Association du développement économique canaulais), ce dont ils ne se sont pas privés. Dès la présentation sur grand écran des trois projets, critiques et remarques ont commencé à fuser. Le premier projet propose un Lacanau tout en bois, le second tout en béton, et le troisième tout en végétation, « une ville jardinée avec jardin dunaire » comme l'explique le document.

Le débat est immédiat

D'entrée, un fait choque les participants. Laurent Peyrondet, qui « regrette la présence de la presse pour pouvoir s'exprimer librement », s'en fait l'écho. « Où retrouve-t-on là-dedans la défense contre la mer ? Avant tout cela, il faut déjà penser au problème de l'érosion et du trait de côte » déplore l'exploitant de bars de nuit. Animateur du débat, Daniel Darsonville n'apprécie guère cette intervention, qu'il juge trop politique.

« On n'est pas ici pour entendre l'opposition municipale ! » se plaint-il. Il reproche à Laurent Peyrondet d'avoir enfilé sa casquette d'élu du Conseil municipal. Animant une seconde réunion un peu plus tard avec d'autres commerçants pour permettre à tous de venir s'exprimer, il estimera d'ailleurs qu'elle se sera beaucoup mieux déroulée « en l'absence des éléments perturbateurs ».

Financement

Mais Laurent Peyrondet n'est pas le seul à ruer dans les brancards durant cette première réunion. « Ce sont des projets pharaoniques, des délires d'architecte ! » s'exclame Frédéric Rochet, exploitant d'une école de surf. « Tout ce bois par exemple, c'est beaucoup d'entretien, argumente-t-il, alors que chaque année, il faut refaire les escaliers qui descendent sur la plage ! »

Inévitablement, la question du financement se pose. « Qui va payer ? C'est encore nous ! C'est absurde d'avoir payé des architectes pour ça ! » s'indigne une commerçante. À mesure que défilent sur l'écran les images d'un Lacanau futuriste, mais qu'aucune explication n'éclaire, la réunion se transforme peu à peu en foire d'empoigne. « Ces études ont coûté de l'argent, et au niveau de sa présentation et de sa communication, c'est nul ! » s'exclame cette autre commerçante, ajoutant : « Les architectes auraient dû se déplacer pour nous expliquer leur projet. »

Point d'accord

Daniel Darsonville essaye bien de recentrer le débat prétextant que « pour ce qui concerne le front de mer, ce n'est que dans 10 ans. Concentrons-nous sur ce qui est proposé au niveau des allées ». Le problème, c'est que les trois projets montrent surtout le front de mer « avec des photos des années 70, quand il y avait encore de la dune » ironise un participant, et très peu les allées.

Au final, Daniel Darsonville est bien obligé de constater « qu'aucun projet ne retient l'attention des commerçants ». Il avoue lui-même que « ce n'est pas très emballant » et confie que « les élus eux-mêmes sont dubitatifs ». Finalement, un point d'accord est trouvé sur le fait « qu'il faut déjà se concentrer sur l'entretien de ce qui existe déjà : réparer les douches qui ne fonctionnent pas, boucher les trous dans les trottoirs, créer un espace de vie propre et correct ». De l'avis des commerçants, les « projets pharaoniques » ne sont pas pour tout de suite.

Cédric Grèze

Publié dans L'océan

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