Les CRS quittent les plages « Il faut créer l'envie »

Publié le par robert

MÉDOC. Seules certaines plages seront surveillées mais les communes peinent à recruter

Entretien avec François Loiseau, directeur régional du centre de formation de la SNSM pour l'Aquitain

À partir d'aujourd'hui, à Lacanau, une seule plage sera surveillée. (Photo Camille Chignac)
À partir d'aujourd'hui, à Lacanau, une seule plage sera surveillée. (Photo Camille Chignac)

« Sud Ouest ».

La SNSM est pressentie pour remplacer progressivement les CRS sur les plages, dans quel état d'esprit êtes-vous ?

François Loiseau. Ce n'est pas visible en Gironde, parce que notre implantation historique est plutôt en Bretagne mais nous avons cinquante ans d'expérience de surveillance des plages derrière nous. Il est vrai que cette année, nous étions attendus au tournant. On va voir comment réagissent les collectivités locales, et si elles projettent de nous employer encore. Mais il faut que les choses soient claires, ce n'est pas nous qui avons demandé à prendre ce rôle, il s'agit d'une directive du ministère de l'Intérieur.

Avez-vous les effectifs pour remplir la mission qui semble vous être assignée ?

Il ne faut pas se leurrer. En France, nous manquons de nageurs sauveteurs. C'est un travail qui reste trop saisonnier par rapport à la disponibilité et à la formation requise. Ce n'est pas attractif. Un sauveteur va travailler deux mois dans l'année, et le reste du temps, il est obligé d'avoir un autre travail. Il faut créer l'envie.

Concrètement, aujourd'hui, peut-on surveiller les plages sans CRS ?

Aujourd'hui, non. Je pense d'ailleurs que ce serait une erreur de les retirer totalement des plages. De par leur structure, les CRS-MNS peuvent conserver des sauveteurs pendant plusieurs années. En terme d'expérience, c'est un plus énorme. Nous, nous avons souvent à faire à des étudiants. Il y a un turnover très important. Un sauveteur reste chez nous en moyenne seulement trois ans et demi. L'idéal serait sept ans. Cela dit, lorsque nous fidélisons nos sauveteurs, nous sommes tout à fait capables de surveiller les plages. Certaines plages de Gironde sont surveillées exclusivement par la SNSM et cela fonctionne très bien.

Comment « fidéliser » les sauveteurs, notamment les chefs de poste ?

C'est un enjeu important. Les chefs de poste doivent être aguerris. Plusieurs pistes sont possibles. On pourrait imaginer que les communes proposent aux sauveteurs des emplois sur place. Par exemple, un sauveteur peut être éducateur sportif lorsqu'il n'est pas sur les plages. Mais ça ne réglera pas l'ensemble du problème. Une autre solution serait de mettre en place un dispositif permettant à un sauveteur de bénéficier d'un détachement au sein de son corps de métier.

Tout cela ne va-t-il pas trop vite ?

Sans doute. Nous avions proposé un plan quinquennal. Il semble que nous prenions la voie d'une mise en place sur trois ans. Nous aurions préféré quelque chose de plus souple qui nous permette de travailler plus longtemps avec les élus, les sauveteurs locaux et les CRS. L'idéal serait d'avoir le temps de gérer la transmission à tous les niveaux.

On constate une disparité sur l'ensemble des plages.

Certaines sont gérées par des civils, d'autres par la SNSM, d'autres par des CRS...

Je pense que nous aurions tout à gagner à harmoniser le sauvetage en France. Les Anglais l'ont fait et ça fonctionne très bien. Nous, nous avons tous des façons différentes de travailler. Cela ne remet pas en cause les compétences de chacun, mais nous gagnerions en lisibilité.

Plage centrale de Lacanau, hier 19 heures. Sur le poste de secours, un volet claque. L'effectif de MNS-CRS plie bagage. Comme partout en France, leur temps de présence sur les plages vient de s'achever. La plage est encore bondée.

À Lacanau, on a décidé de prolonger la surveillance jusqu'au 13 septembre. Mais à partir d'aujourd'hui, une seule plage sera désormais surveillée. Pour cela, 15 sauveteurs civils ont été recrutés. Largement de quoi pour une seule zone de baignade. Mais Jean-Michel David, le maire n'est pas dupe : « S'il y a un peu de soleil, comme nous sommes près de Bordeaux, les touristes viendront en masse. »

Ici, le plan de bataille est simple : « On concentre la surveillance sur la plage centrale, et des patrouilles mobiles interviendront sur les ailes, on compte aussi sur les surfeurs en cas de besoin », explique Jean-Marc le nouveau chef de poste de la plage centrale. Il n'est pas CRS, Jean-Marc. Mais avec 15 ans d'expérience des plages, personne ne doute de sa capacité à gérer l'un des postes les plus redoutés du littoral.

« Défaillant »

Le problème, selon Jean-Michel David, c'est que des Jean-Marc, il n'a pu en trouver qu'un. « Personne ne veut prendre la responsabilité de diriger un poste », déclare l'édile. Alors, bien sûr, avec le désengagement progressif des CRS des plages, la pilule passe mal : « L'État est défaillant », fulmine le maire.

À Naujac, un poste de six sauveteurs SNSM (société nationale de sauvetage en mer) a été constitué. On avoue s'être un peu inquiété pour obtenir l'effectif. « On a de bons contacts avec eux, mais il a fallu insister », déclare le maire, Jean-Bernard Dufourd. Avant d'ajouter : « Maintenir les CRS jusqu'au 15, ça aurait été le minimum. »

Au Porge, la fonction de chef de poste était occupée par un CRS tout l'été. Sur l'une des plages les plus fréquentées par les Bordelais, c'est désormais le plus ancien des sauveteurs civils qui encadrera les cinq civils qui prendront le relais jusqu'au 6 septembre.

« Un type capable », selon Jésus Veiga, le maire de la petite commune. Mais il avoue, la question est aussi financière : « On se sent impuissant.

Pour les petites communes du littoral, le désengagement progressif des CRS, c'est un coût difficile à porter. »

« Coûteux »

Philippe Sammarcelli, président du syndicat intercommunal à vocation unique (SIVU), confirme : « Un poste de secours, c'est environ 150 000 euros par saison, si la commune le prend en charge. »

À Carcans, aujourd'hui, plus de baignade surveillée. Une borne téléphonique reliée au centre de secours a été installée près du poste central.

À Lacanau, l'an passé, au milieu du mois de septembre, un nageur s'était noyé sur la plage nord.

Publié dans La sécurité

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S
<br /> <br /> Même problème sur la Côt eLandaise....certaine splages auraient pû êtres surveillées jusqu'au 15 Septembre....2010.;dure année...<br /> <br /> <br /> <br />
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S
même problème dans les LANDES.. .....il faut vite revoir cette copie..il y a URGENCE........
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