Sensibiliser les élus à la maltraitance des enfants

Publié le par robert

SOCIÉTÉ. Avec Elcem, Céline Aziz-Mano se démène pour fédérer les élus du Médoc afin d'éviter les drames cachés au sein des familles
Céline Aziz-Mano travaille d'arrache-pied pour convaincre les élus d'agir. (PHOTO C. C. )
Céline Aziz-Mano travaille d'arrache-pied pour convaincre les élus d'agir. (PHOTO C. C. )

«Je suis choquée de l'indifférence des élus », déplore Céline Aziz-Mano, fondatrice et vice-présidente nationale de l'association des Élus locaux contre l'enfance maltraitée (Elcem), « heureusement pas tous ». C'est d'ailleurs le cas dans le Médoc. « Pascale Got, la députée, et Xavier Pintat, le sénateur maire de Soulac, ont accepté d'organiser une réunion de sensibilisation de leurs collègues. Certains adhèrent alors que d'autres ne répondent même pas. En parler, c'est déjà agir pour la protection des enfants », regrette Céline Aziz-Mano. « On recherche une date qui pourrait être assez lointaine à cause des élections européennes. »

Le Médoc n'a pas de particularité en ce domaine, il est aussi touché que les autres. L'Elcem veut organiser ce type de réunion partout en France. Elle estime à 200 000 faits par an sur le territoire national. « Cela touche tous les milieux. J'ai eu le cas d'une enfant de 4 ans, fille d'un haut fonctionnaire, abusée sexuellement. Il a fallu attendre ses 20 ans et un nouvel événement traumatisant pour qu'elle révèle l'histoire », argumente la vice-présidente.

Lors de la conférence « Votre sécurité, vos libertés », jeudi dernier, le sous-préfet Olivier Delcayrou a rappelé que cette forme d'insécurité pouvait sévir chez notre voisin, sans que l'on se sente en danger pour autant. Il a donc souhaité renforcer la lutte contre ce type de criminalité.

Ne pas rester spectateur

Mais la maltraitance ne concerne pas que les atteintes à caractère sexuel. « J'ai eu des appels pendant un an, d'une mère de famille. Son mari battait leur enfant. Elle avait peur d'aller à la gendarmerie. Envoyer le père en prison et rendre, paradoxalement, son enfant encore plus malheureux aussi. Pendant trois à quatre mois, elle l'a convaincu. Il a arrêté. » raconte Céline Aziz-Mano. « Il ne faut pas rester en spectateurs attristés. »

Elle pourrait multiplier les exemples s'il n'y avait pas la nécessité de confidentialité. « Même si ce sont plus souvent des hommes, les femmes maltraitent aussi. Il est souvent difficile d'identifier les carences affectives. Une fessée est-elle une maltraitance ? Entre les abus sexuels, les enfants battus et la maltraitance psychologique, je constate que la famille est synonyme de malaise. L'arsenal pénal est suffisant contre les maltraitances, mais les problèmes dépassent largement le contexte pénal. »

Pour changer les choses, l'Elcem souhaite se rapprocher des élus locaux, surtout en milieu rural. Ils connaissent presque tous leurs administrés. Céline Aziz-Mano rêve même d'offrir une formation pour ces élus. L'association organise déjà quelques stages à l'École normale sociale (ENS) de Paris. La sensibilisation des élus du Médoc au travers d'un forum serait un premier pas. Malgré les moments de désespoir, Céline Aziz-Mano garde espoir : « Le temps de l'enfance est court, il faut agir rapidement pour éviter les drames.

Auteur : Cédric Citrain
lesparre@sudouest.com
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