De moins en moins de policiers-sauveteurs au bord des plages

Publié le par robert


 

Les municipalités du littoral et les syndicats de police dénoncent la diminution progressive des effectifs des CRS-MNS, ces policiers sauveteurs chargés de la sécurité des estivants des bords de mer.Des vacanciers au bord de la mer, à Nice le 30 juillet 2009

Des vacanciers au bord de la mer, à Nice le 30 juillet 2009 (Eric Gaillard / Reuters)

Le soleil est au rendez-vous, la température de l'eau est idéale pourtant l'ambiance est morose au pays de l'estivant. Les CRS-MNS (maître-nageurs sauveteurs) sont de moins en moins nombreux sur les plages françaises et les juilletistes ont été les premiers à s'en inquiéter. «Je suis toujours rassurée par leur présence surtout quand les plages sont bondées, en cas de noyade, ils assurent!», confie une maman qui remarque leur absence sur les plages landaises.

L'avis est partagé par les syndicats de police qui s'inquiètent des risques encourus par les vacanciers. Christian Binon, le secrétaire national du syndicat Unité-Police, en perd un peu son sang-froid : «On recense déjà une hausse des accidents depuis un an, tonne-t-il. C'est un service public qui se meurt. 105 CRS de moins cette année. Nous allons vers le retrait global. On nous rend responsable de la dette publique. C'est proprement scandaleux». A Alliance, autre syndicat de police, on regrette également cette diminution de «CRS qui sont entraînés à secourir et surtout à protéger les citoyens».

Car, contrairement aux sauveteurs MNS, les CRS-MNS sont avant tout des policiers, ils sont donc habilités à faire respecter la loi et à verbaliser si nécessaire. «Nous faisons plus impression qu'un sauveteur, face à un policier le comportement des gens change», explique Christian Binon. Cette baisse d'effectifs ne chagrine donc pas tout le monde. Surtout pas ces quelques jeunes, joints par téléphone et ravis de pouvoir «boire quelques bières et fumer quelques pétards» sans être inquiétés.

Réduction. Aujourd'hui, les CRS-MNS tirent la sonnette d'alarme. «Nous allons vers une extinction complète», explique Gilles Reveillard, délégué zonal Sud-Ouest, pour le syndicat de police Alliance. Car les chiffres parlent d'eux-mêmes, il reste 185 CRS en Gironde contre 225 en 2008 et 238 en 2003. «On fait au mieux avec ce que l'on a mais bientôt la situation deviendra vraiment critique».

Tous savent que cette politique s'inscrit dans une volonté de faire des économies. «Les départs en retraites ne sont pas remplacés et l'Etat ne recrute plus», rappelle Véronique Daumerie, secrétaire nationale adjointe de Alliance, un peu désabusée.

Mais pour le SIVU (syndicat intercommunal à vocation unique qui regroupe 13 municipalités balnéaires de la Gironde), l'Etat se recentre aussi sur une politique sécuritaire. «Il redéploie les CRS dans leur périmètre premier. Il les retire des plages pour les replacer dans les villes, les banlieues, là où ils doivent se charger de la sécurité, interpeller et non surveiller».

Inquiétude. Les municipalités râlent donc et pointent du doigt le désengagement de l'Etat. Ce sont à elles de mettre la main au porte-monnaie pour pallier le manque de personnel à venir. «Nous n'avons aucune contre-partie financière, explique ce même responsable du SIVU. Et pourtant, nous sommes bien obligés de continuer à assurer la surveillance des plages. Parfois le pic de fréquentation des plages landaises dépasse les 20.000 personnes. La mairie doit donc faire appel des sauveteurs civils».

Mais un autre problème découle de cette solution: la formation de sauveteurs civils a toujours été encadrée par des CRS-MNS. S'il viennent à disparaître, les formations n'auraient plus lieu.

Le gouvernement semble muet face à la grogne montante. Tous réclament le gel de cette déflation d'effectifs. Le drame de la noyade d'un homme à Lacanau, dans une zone non-surveillée, survenu au mois de juin dernier, a tristement relancé le débat. Toutefois, les CRS-MNS n'entretiennent guère d'espoir, «d'ici 3 ans, nous aurons tous disparus», regrette Christian Binon.

Publié dans La sécurité

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