Travail saisonnier : La galère pour se loger
Comme si trouver un job d'été n'était déjà pas assez compliqué, trouver un logement saisonnier peut parfois être assimilé au parcours du combattant pour ces jeunes employés à Lacanau.
Jonathan, 21 ans, est étudiant en économie à Bordeaux. Plutôt que de travailler à l'usine comme les étés précédents, son cousin lui a conseillé la vente de beignets sur la plage. Le calcul a été vite fait. Pas de gain notoire côté salaire, mais la proximité de l'Océan et l'idée de profiter de l'été avant la reprise des cours ont emporté sa décision. Destination : Lacanau-Océan.
Sauf que Jonathan avait sous-estimé la délicate question du logement en bordure de littoral à ce moment-là. Une brève discussion avec son employeur ne lui a laissé aucune illusion. Pour le logement, c'est chacun pour soi. Et pour les saisonniers, le système D s'impose.
Le bouche à oreille
La quête du Graal commence. Au terme de trois mois de vaines recherches via Internet, il se rend sur place. Offices de tourisme et mairies n'ont rien à proposer aux employés du secteur privé. « Nous ne sommes pas concernés », confirme Bernard Valette, adjoint au maire de Lacanau.
Restent les locations saisonnières pour particuliers. Entre 500 et 1 000 euros la semaine ! Avec un salaire de vendeur de beignets, par définition imprévisible, l'affaire s'annonce très mal.
Le système D se résume à trouver la perle rare - et souvent noire - qui proposerait éventuellement un bout de toit ou de terrain à un prix abordable. Tout en évitant les escrocs.
Il frappe à la porte des commerçants, des restaurateurs et grâce au bouche à oreille, débouche sur quelques pistes. Notamment celle d'un studio réaménagé dans le garage, au sous-sol d'une maison.
On lui propose un loyer de 1 000 euros pour, selon son estimation, 15 mètres carrés à partager avec deux autres saisonniers. Les marchands de sommeil sont partout, même en maillot de bain… Jonathan décline l'offre. Vivre dans une cave avec une mini-fenêtre pour ce prix-là, cela donne davantage envie de distribuer des beignes que des beignets.
Sur ce, il entend parler de l'initiative d'un restaurateur en mal de logements pour ses saisonniers. En mai dernier, ce dernier a ouvert dans un lieu-dit de Lacanau, vingt chambres d'environ 14 mètres carrés pour quarante places avec sanitaires et cuisine en commun. Une offre raisonnable : 380 euros seul et 450 euros pour deux.
Trop tard pour Jonathan, tout est déjà complet. Ou, tout au moins, il ne fait pas partie de la short list des saisonniers chouchous de Lacanau qui, habitués de la station, se partagent les meilleures places.
Prime à l'expérience
Tous les saisonniers partagent ce souci de logement : « Il est de plus en plus difficile d'avoir du personnel qualifié aux conditions de logement actuelles. Souvent, les saisonniers les plus aguerris ont la trentaine et, pour la plupart, déjà une famille. Ils ont besoin d'un certain confort », explique Daniel Darsonville, président de l'Association de commerçants de Lacanau.
Un logement pour sept
En allant chercher son pain à la boulangerie, Jonathan finit par tomber sur une petite annonce, toute fraîche : un studio pour deux personnes accolé à la maison de ses propriétaires, « rarement présents ». Sur le terrain, à 8 kilomètres de Lacanau se trouve également un mobile-home et une cabane en bois qui font office de chambres supplémentaires.
Ses collègues toulousains ont suivi : l'endroit s'avère adéquat pour toute l'équipe de vendeurs de beignets ! « Nous nous sommes résolus à partager les lieux à sept », résume Jonathan. Il leur en coûte 180 euros mensuels par personne, charges comprises. Soit un loyer global de 1 260 euros pour le propriétaire ! Tout le monde est content…
Chambre, cuisine, salle de bains, Jonathan et Guilhem sont évidemment les mieux servis. Ils occupent tous les deux « le » studio.
Medhi, Mélissa et sa sœur Sonia se partagent les couchettes et la gazinière dans le mobile home. Les sanitaires du studio de Jonathan servent à tous. Un couple, Renan et Julie, a choisi la cabane en bois au fond du jardin. Environ 8 mètres carrés, un lit et une armoire.
Les jeunes gens s'accommodent facilement des contraintes de ce campement. « On s'entend bien entre nous, c'est le principal », se félicite notre vendeur de beignet.
Insalubre à leur arrivée
Au début, certains des équipiers ont eu quelques difficultés à s'adapter, comme Mélissa : « C'était sale quand on est arrivé. Il y avait des insectes partout, des araignées, des grosses fourmis. Il y avait même une capote usagée sous le lit ! » Le propriétaire avait nettoyé mais… plusieurs mois auparavant visiblement. Le club des sept est unanime. « Nous avons de la chance d'avoir trouvé un toit pour ce prix-là. Il y en a beaucoup d'autres qui dorment dans leur voiture ou sur la plage. Et pour le reste, c'est le jeu. On est saisonnier ! »
Lacanau, le blog: Ce problème récurrent des stations de la côte atlantique est plus ou moins pris en compte par les diverses municipalités et employeurs.
Si des solutions sont trouvées comme en sud bassin ou à Soulac par des réponses volontaristes de municipalités ou de certains employeurs un peu moins rapaces, la réponse de l'adjoint au maire de Lacanau , Bernard Valette ("nous ne sommes pas concernés"!!!) nous parait au mieux tendancieuse , et relève d'une certaine conception de l'homme par un élu dit responsable. Un élu n'est pas simplement l'élu de moins de 41% des électeurs de la commune de Lacanau mais aussi l'élu de ceux qui y vivent et y travaillent même pour quelques semaines.. Cela s'appelle la responsabilité élective . Mais il semble qu'il ne soit pas le seul pensant et exprimant cette opinion sur la côte..