Un petit coin de tranquillité en compagnie des oiseaux

Publié le par robert

Dans sa tonne, Philippe Garcia vient se ressourcer, et pas seulement chasser.

 « Au coucher du soleil, au lever du jour, tu as des lumières magnifiques ». photo J. L.
« Au coucher du soleil, au lever du jour, tu as des lumières magnifiques ». photo J. L.

 

Pour arriver jusqu'à la tonne de Didier Garcia sur l'étang de Lacanau, il faut se perdre dans les bois. Un véritable labyrinthe. Sur ce secteur nord du plan d'eau, c'est bien une façon de rendre l'accès plus sauvage et compliqué. Le bon itinéraire permet d'arriver sur les marais. Assez soudainement, le paysage se dégage pour laisser place à une vaste étendue d'eau douce.

L'étang canaulais offre un site privilégié et en total décalage avec sa station balnéaire, son cordon dunaire et sa dense forêt. À environ 100 mètres de la rive, un mince filet de sable oriente vers une sorte de gros buisson. La petite cabane de 2 mètres sur 3 mètres, dans laquelle on ne tient pas debout, est posée sur un « pougeau ». L'îlot est l'œuvre de Didier. 25 tonnes de sable qu'il n'a pas hésité à transporter en barque pour édifier son petit bout de paradis. Au total, plus d'un mois de travail. Le poste de tir, tout en bois, avec ses deux couchettes et ses huit guichets, sans oublier le mirador, est destiné à la chasse au gibier d'eau. Une pratique de nuit qui consiste à faire poser devant sa « cachette » des canards et des oies à une distance de 50 m. Dans cet exercice, le chasseur est aidé par des appelants, d'autres canards sélectionnés pour la qualité de leurs chants et qui piègent leurs « cousins » plus sauvages.

Le jardin de grand-mère

Didier Garcia, 53 ans, a sa tonne depuis 5 ans. Il en existe une trentaine sur l'étang de Lacanau. Elles sont toutes répertoriées par la municipalité et la société de chasse locale. La sienne est plus proche du petit nid douillet que du poste de tir. Si le chasseur ne cache pas avoir l'« instinct de prédateur », c'est le calme qu'il vient surtout trouver dans son repaire. « Ici, tu déconnectes complètement. Je peux passer des heures à contempler la nature. Au coucher du soleil, au lever du jour, tu as des lumières magnifiques ».

Le quinquagénaire avoue une passion pour les oiseaux qui lui vient de son enfance, dans le jardin de sa grand-mère. Selon lui, cela ne rentre pas en contradiction avec la chasse. En tout cas, pas plus que l'attitude de ces consommateurs qui ne veulent surtout pas savoir d'où arrive le morceau de viande qu'ils ont dans l'assiette. Sans vouloir rentrer dans le débat chasse et écologie, mais tout en soulignant que les chasseurs entretiennent les marais tout au long de l'année, Didier prend plaisir à décrire les moments privilégiés qu'il passe dans son îlot.

Une cabane à l'année

Il y a d'abord la compagnie de fidèles. « Toutes les tonnes ont leur Martin-pêcheur. Il ne laisse pas les autres approcher. Lorsque c'est le cas, c'est la bataille dans le ciel », explique t-il. La bergeronnette qui a fait son nid sur le toit est plus discrète. Quant à la grenouille planquée dans un des huit guichets, elle guette les insectes piégés dans la toile d'araignée. D'autres visiteurs passent sur la rive. L'aigrette, le héron, des mouettes, puis le gros gibier : sangliers, renards et cerfs. Sans oublier la vie végétale. Didier, pharmacien de formation, montre le saule. « De l'écorce de cet arbuste, on retire l'aspirine. Lorsque tu recenses toutes les plantes autour de la tonne, tu as largement de quoi te soigner ».

Le Canaulais voit passer toutes les saisons depuis sa tonne. « Entre les appelants que tu prépares pour la saison de chasse (1) et l'entretien de la cabane, je viens tout au long de l'année », raconte t-il.

Un engagement qu'il partage avec son épouse et son fils. « Au départ, Sophie est une citadine. Elle vient avec plaisir à la tonne, même si elle ne chasse pas ». L'endroit se prête à merveille aux réunions de famille avec sa petite plage de sable blanc complètement isolée, et un équipement suffisant pour improviser un bon repas. Sans oublier des couchettes pour la sieste. Didier, aussi surfeur depuis plus de trente ans, ose la comparaison avec l'océan. « Dans ma tonne, sur l'étang, la lumière et le silence t'apaisent. Tu viens pour réfléchir. L'océan, lui, fonctionne comme un excitant ». Le chasseur se souvient d'une soirée passée avec son fils. « On a retourné la cage des canards qui était vide. Sur ce banc improvisé, autour d'un petit barbecue, on a juste regardé le soleil se coucher. Le moment était magique ».

Publié dans l'environnement

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F
<br /> <br /> Merci de nous avoir fait partager ces moments authentiques.<br /> <br /> <br /> J'ai eu le bonheur de vivre de tels instants avec mon père, et je souhaite pouvoir faire découvrir à mon fils le même genre de sentiments lors d'une session de pêche au filet sur le lac de<br /> Lacanau...<br /> <br /> <br /> Si toutefois les intégristes du no-kill nous laissent une petite place sur le lac zébré de leurs bateaux à moteur.<br /> <br /> <br /> <br />
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