Les plages s'offrent un nettoyage de printemps
Il est 14 heures. Armée de gants en caoutchouc et d'un grand sac plastique, Marie-Françoise Le Prunénec est la première bénévole présente sur la plage nord de Lacanau. « Je viens tous les ans, mais aujourd'hui, il n'y a vraiment pas grand monde. Je me sens un peu seule », commente-t-elle. Et pour cause. Les autres participants (une trentaine au total) arriveront un peu plus tard dans l'après-midi.
Au Lacanau surf club, point de rencontre et partenaire de la manifestation, on accueille les rares volontaires. « Cette opération de nettoyage, c'est un peu comme le Téléthon », explique Caroline Chénard. « Nous sommes partenaires depuis cinq ans, c'est important que les gens se prennent par la main. » La veille déjà, plusieurs groupes de scolaires avaient nétoyé la plage centrale. Restaient les endroits plus excentrés.
Seul ou en famille
En milieu d'après-midi, ils sont un peu plus nombreux à glaner les détritus. Des familles pour l'essentiel. Pascal Malo est venu de Bordeaux avec ses deux enfants pour les sensibiliser à la pollution. « C'est important de faire passer un message », commente-t-il. Sa fille, Anne-Claire, paraît déjà bien concernée : « On ne peut plus continuer à jeter comme ça. Mais pour l'instant, j'ai un peu l'impression que les gens s'en moquent ! », peste-t-elle.
Quant à Jean Barge, surfeur à Lacanau, il souhaite « se rendre utile ». Mais regrette que la manifestation ne rassemble pas davantage. Avant d'ironiser : « C'est sûr, il y a beaucoup plus de monde pour bronzer ! »
Autour justement, la plupart des plagistes observent les bénévoles avec étonnement. « Ce qu'ils font est très bien, mais ce n'est qu'une goutte d'eau ! », explique un couple de retraités. D'autres en profitent pour faire le ménage après leur pique-nique. « Excusez-moi, est-ce que je peux profiter de votre poubelle ? », demande un jeune homme à l'un des bénévoles. « Mais, vous êtes venu sans poche ? », se voit-il rétorquer.
Plastique, filets et marsouins
Les grands sacs sont rapidement garnis. À l'intérieur, surtout des matières plastiques mais aussi des filets de pêche et du polystyrène. Certains participants comparent leurs trouvailles : « Chloé a même une bouteille de produit pour vitre ! ». Les mégots de cigarette, déchets de plage les plus courants, sont aussi traqués. Mais ils s'avèrent plus compliquer à dénicher.
Certains résidus sont plus improbables : sur le sable, deux marsouins en décomposition suscitent des questions. « C'est peut-être parce qu'ils ont mangé des sacs plastiques », commente un enfant. Un traceur antiradar est aussi retrouvé par une adolescente à quelques mètres des dunes (1). Aux gens qu'elle croise, Marie-Françoise Le Prunénec explique : « Ramasser, c'est bien. Mais il faudrait peut-être arrêter de jeter ».
En fin d'après-midi, la plage nord de Lacanau est déjà plus présentable. Un à un, les sacs de déchets sont expédiés dans une benne. Jusqu'à l'année prochaine.
(1) Lire aussi en page 8