"Il m'a semblé que je devais ce livre à la région du Médoc"

Publié le par robert

Scarlett. Après La baïne (1), voici dans votre nouvel opus d'autres portraits de Médocquains peu aimables, vus de loin... avez-vous eu à supporter dans la vraie vie, et après lecture de vos livres, des menaces ou des intimidations de certains habitants ?   Pouvez-vous vivre de votre art ? (en référence à l'épisode des "vendanges humiliantes")
Eric Holder. Ni menaces ni intimidations, les réactions ont été, pour la plupart, favorables, à mon grand étonnement. Je ne vis pas en ce moment de ce que j'écris, j'espère qu'une bourse du CNL me sera allouée, ce qui m'évitera de travailler dans les vignes, l'an qui vient. Bien à vous, Holder.

Gil. Comment vous est venu l'envie d'écrire ce livre?
 Le précédent livre était un roman, il portait déjà sur la région, je me dédouane d'écrire une fiction qui est un mensonge, en le faisant suivre d'un récit. Il m'a semblé donc que je devais celui-là à la région. Bien à vous, Holder.

Lilas. Dans vos livres vos personnages font souvent des petits métiers, vous avez fait beaucoup de petits métiers pour vivre?
Cher lilas, comme on dit: douze métiers, treize misères. J'ai été pour ma part releveur des compteurs, coursier, distributeur de prospectus... bien à vous, Holder.

Sido. Vous avez vécu en ville, à la campagne et maintenant près de l'océan, vous avez posé vos pénates ou avez-vous envie de reprendre la route pour un ailleurs?
Chère Sido, c'est une question de karma, je n'en suis pas le maître. Bien à vous, Holder.

Sido. Vous aimez la nature?
Je suis fou de nature.

Michel. Avez-vous lu Gens de peu de Pierre Sansot, c'est un auteur qui vous inspire?
J'ai lu, Gens de peu (2), c'est tout de même un texte distancié. Bien à vous, Holder.

Landes. Des vignes, des forêts, la mer, Le Médoc est-il un pays de sorcellerie, avez-vous parfois l'impression d'être sous l'emprise d'un sort?
 Ce n'est pas un pays de sorcellerie, c'est un pays de mécréants. Les Gascons insulaires, ainsi qu'on les nomme, sont "silencieux par prudence, méfiants par héritage, roublards par nécessité", voilà qui rend leur approche passionnante. Bien à vous, Holder.

Henri. En lisant votre livre on a l'impression que les Médocquains sont un peu des "gens à part", pensez-vous ce que soit à cause de leur situation géographie, et qu'ils se vivent un peu comme des insulaires?
 Vous avez tout à fait raison, ils tirent une sorte de fierté à vivre au fond d'une poche difficile d'accès, ils y ont le sentiment de conserver un temps différent du nôtre. Bien à vous, Holder.

Vigne. Allez-vous finalement envoyé votre livre - dédicacé - à cet employeur goujat pour lui apprendre à vivre?
 Cher Vigne, je n'ai pas eu entre les mains assez d'exemplaires pour satisfaire les gens que j'aime bien, donc, il ne l'a pas reçu. Bien à vous, Holder.

Michel. Vous écoutez de la musique en écrivant, lesquelles?
 Cher Michel, ça m'est arrivé autrefois, un livre Mademoiselle Chambon (3) avait été écrit en écoutant continuement Bartok. En y réfléchissant, Manfred ou l'hésitation, (4) a été écrit en écoutant Fauré, et cela s'arrête là, et remonte à un certain temps. Bien à vous, Holder.

Bob. Avez-vous lu le "Traité du Zen et de l'entretien des motocyclettes" (5) de Robert Pirsig? Vous aussi vous êtes à la recherche de la sagesse?
 Cher Bob, oui, j'ai lu le "Traité du zen et l'entretien des motocyclettes", il ne m'a pas semblé que le contenu était à la hauteur de ce merveilleux titre. En revanche, pour ce qui est du titre, je l'adopterai volontier, la mécanique n'est pas éloigné d'un métier littéraire. Bien à vous, Holder.

Potdeterre. Vous vivez maintenant depuis plusieurs années dans le Médoc, vous sentez-vous intégré?
 Cher Potdeterre, l'expérience m'apprend qu'il faut au minimum trois ans, où qu'on aille, pour être intégré, c'est fait. Bien à vous, Holder.


Dodcoquelicot. Aimez-vous Bukowki, Bunker ? Vous sentez-vous proche de ce genre d'écrivains ou de leur personnages ?
Cher dodcoquelicot, Bukowki, comme d'autres écrivains américains a fait partie de ma formation littéraire. Evidemment, on ne pouvait pas attendre d'écrivain français une telle franchise de ton, c'est à se demander s'ils ne nous ont pas nous-mêmes créé. Bien à vous, Holder.

Dodcoquelicot. Pourquoi une île, vous en rêvez ou en avez rêvé ?
Qui ne rêve pas d'une île. Bien à vous, Holder.

Dodcoquelicot. Avez-vous lu un seul roman français vous semblant proche d'un Kerouac, d'un Fante ou d'un Bukowski ?
C'est intéressant comme question, et je réfléchis deux minutes... D'une certaine façon, je pense à "L'île Atlantique" de Tony Duvert (6), Il s'agit d'une liberté, cette fois reliée à l'enfance. Bien à vous, Holder.

Dodcoquelicot. Avez-vous des références classiques ? Si oui, votre livre de chevet ?
 Stendhal a été un temps mon maître. Bien à vous, Holder.

(1) La baïne, Eric Holder, éditions du Seuil (2007)
(2) Les gens de peu, Pierre Sansot, PUF (2002)
(3) Mademoiselle Chambon, Eric Holder, Flammarion (1996)
(4) Manfred ou l'hésitation, Eric Holder, éditions du Seuil (1985)
(5) Le traité du zen et de l'entretien des motocyclettes, Robert M. Pirsig, éditions du Seuil (1984)
(6) L'île Atlantique, Tony Duvert, les éditions de Minuit, (2005)
source libération

Publié dans La culture

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